C'est quoi Guignolsland ?


Guignolsland.com [lien] est un site consacré au village de Brindas (F 69126) [infos], et à Guignol [page], au théâtre, etc. Ce blog est ouvert parallèlement au site pour accueillir des articles en lien avec l'actualité, pour regrouper aussi parfois des sujets que nous évacuons de nos pages (surtout des actus de la page nommée... Brindactu). Et bien sûr pour pouvoir recueillir vos points de vue, y compris vos propositions sur des sujets non encore abordés. Pour cela, n'hésitez pas à ajouter vos "commentaires" (c'est possible à condition d'avoir une seule page ouverte, pour cela cliquez d'abord sur son titre).

05 septembre 2023

 Henri Tachez (1935//2023), apôtre inlassable de la culture à Brindas


 Des personnalités du théâtre à Brindas qui nous quittent l'une après l'autre, jugez plutôt…: voici la troisième page-hommage d'affilée sur notre blog (plutôt culturel) brindasien… Après Odyle Collin, présidente des Deux Masques partie fin 2022, puis Janine Berdin en Mars 2023, c'est Henri Tachez, fondateur et metteur en scène des Deux Masques qui disparaît… À 88 ans tout de même, malgré son allure d'éternel jeune homme ! 
Né en 1935, l'enfant a donc grandi pendant la guerre… Le jeune homme épouse Julie, qui est de Rillieux comme lui (il y est né), et Henri deviendra d'ailleurs protestant comme elle (on le souligne car ce ne fut pas sans lien avec sa personnalité). Ils auront trois filles, Catherine, puis Sylvie, puis Isabelle. [On s'excuse pour les imprécisions, notamment chronologiques, sur cette période… lointaine]. Henri poursuit une belle carrière de responsable à la Lyonnaise de banque… Mais son plaisir est plutôt ailleurs car dès son jeune âge il a cultivé un tempérament d'artiste. Musicien, avec une première guitare à 15 ans. Du classique d'abord, en trio guitares, puis une évolution vers le jazz (Django Reinhardt est toujours resté un maître pour lui) et la variété… Il fréquente les studios de la radio Cours Gambetta dans les années 50, et plus tard des plateaux de télévision dans les 60s, sans oublier le studio d'enregistrement JBP rue Royale. En accompagnant des chanteurs, et des chanteuses surtout, comme Michèle Thomas qui avait remporté plusieurs radio-crochets, et qui restera une amie. Il se fait arrangeur aussi, comme sur ce disque de Germaine Ferraris dont on vous montre la pochette ci-dessous… Il m'a même confié un jour avoir accompagné Jean-Guy Mourguet (qui débuta comme chanteur !) au théâtre de la rue des Marronniers. Je vous parle d'un temps……

À Brindas, de la mise en musique à la mise en scène…
Après bien des déménagements dans la région, la famille Tachez vient finalement s'installer à Brindas en fin 1982, et Henri se rapproche alors bien sûr de ceux qui dans la commune œuvrent pour le domaine culturel. Il participe au groupe de recherche historique  Le Vieux Brindas avec Gaston Bensan, disparu en 1995 et dont il poursuivra le travail. Vieil ami de Jean-Guy Mourguet, il s'intéresse aussi à Guignol bien sûr, et en tant que conseiller municipal chargé de la culture il sera un des principaux artisans du long cheminement qui amènera à la création du Musée-théâtre Guignol. 
En 1989, il se voit confier l'organisation d'un grand spectacle "Brindas au temps de la Révolution". Animations diverses et spectacle "son et lumière" au programme deux soirs de suite. C'est une belle réussite qui mobilise tout le village. Et c'est cela qui va déclencher sa nouvelle vocation de metteur en scène. L'année suivante, réunissant la crème des convaincus, il crée donc le groupe théâtre Les Deux Masques dont le premier spectacle "Théâtre en Mosaïque", qui rassemble des œuvres courtes de divers auteurs, sera donné en Mai 1991. Julie est évidemment de la partie, qui se révélera fine comédienne. La troupe s'élargit et commence à devenir une véritable famille en 1992. Et on continue à donner dans la fantaisie avec Drôles de Gens, puis De Doux Dingues en 93. Nouvelle formule en 94 avec un premier "café-théâtre" Deux Masques en Balade, compilant divers sketches, marionnettes, etc. Henri ressort même sa guitare pour une chanson interprétée par Odyle Collin (photo). Et Janine Berdin qui a conseillé la troupe, vient saluer avec eux… 


Faire sourire les brindasiens…
On ne va pas citer tous les spectacles, vous pourrez aller en voir le détail sur le site de Guignolsland. Mais nouveauté au tournant du siècle avec une première pièce écrite par Henri, "Un Siècle sans Temps"… Une expérience personnelle qu'il récidivera en 2003 avec "Et la Lumière fut"… Il va sans dire qu'il écrit aussi les musiques des pièces jouées par Les Deux Masques. La troupe navigue d'une année à l'autre entre des styles divers, de l'absurde de La Fuite à la comédie sociale de Lapin Lapin (de Coline Serreau) en passant par le classicisme du Nouvel Appartement de Goldoni. On essaie quand même toujours de faire rire ou sourire les brindasiens. Pas seulement eux d'ailleurs car après 2 ou 3 séances à Brindas les spectacles s'exportent parfois, à Coise, à Rontalon ou à Ecully principalement. 
Le point commun reste la rigueur du metteur en scène qui exige toujours que chacun donne le meilleur de lui-même. Les "débriefings" en fin de répétition étaient quelque peu redoutés par les comédiens… Mais cette rigueur, il l'appliquait d'abord à lui-même, qui par exemple ne ratait jamais le moindre rendez-vous, et à la minute près. Une soif de perfection également à l'œuvre dans les lectures illustrées proposées par les Deux Masques en médiathèque, sur diverses personnalités du monde littéraire ou artistique. Des textes toujours écrits par Henri avec sa fidèle collaboratrice Odyle. On pourrait même parler de muse… Dans le groupe (cette autre famille) Odyle apportait sa fantaisie qui contre-balançait une rigueur qui pouvait paraître parfois un peu austère. 
Après le marasme engendré par la période covid, Henri avait eu bien du mal à faire re-démarrer l'association. Il y était finalement parvenu avec la nomination d'une nouvelle présidente en Mai dernier et le choix d'une nouvelle pièce, qui sera donnée en 2024, malheureusement sans lui à la mise en scène…. Mais on peut affirmer que ces presque 40 années de théâtre et de culture qu'il a orchestrées à Brindas (en toute discrétion, toujours…) auront laissé des traces profondes dans notre village. 
SD. 

QUELQUES IMAGES
L'attaché-case qui accompagnait toujours le metteur en scène…

Julie et Henri en compagnie de Janine Berdin (en 2010) 

Le verso de pochette d'un album de Germaine Ferraris (années 70…)

Julie et Henri dans leur jeunesse à Rillieux… (vers 1950 ?) 




05 mars 2023

 Janine Berdin (1924-2023), grande dame du théâtre, était brindasienne…

À votre santé ! Deux grandes figures brindasiennes disparues : Janine Berdin et Jean-Guy Mourguet 

 On apprend le décès, à presque 99 ans, de Janine Berdin, grande dame du théâtre. Oui, Janine était brindasienne (en tout cas une parisienne descendue à Brindas il y a bien longtemps…!), jusqu'à… quelques années en arrière, quand sa grande propriété à la Pillardière (qui était devenue une jungle où les animaux sauvages trouvaient refuge…!!) a été vendue (aujourd'hui devenue un grand lotissement, seul le fameux pigeonnier a été conservé semble-t-il) après qu'elle (Janine) soit rentrée en Ehpad. 
Mais, contrairement à ce qui se passe généralement dans ce cas-là, cela n'a pas du tout signifié la fin de ses activités, et Janine Berdin, en battante qu'elle restait, s'est débrouillée, malgré de sérieux problèmes de santé et sa vue très défaillante, pour continuer à faire vivre son "Petit Théâtre de Poche" de la rue Juiverie dans le Vieux Lyon, et ceci jusqu'à son dernier souffle, en ce 2 Mars. 
En Novembre dernier, elle avait même organisé une fête pour en célébrer les 51 ans (puisque les 50 ans étaient tombés en période peu favorable). Autrefois, de l'autre côté de la rue, presque en face de son fameux Théâtre de Poche, Janine dirigeait aussi une école de théâtre. Quand son département au Conservatoire de Lyon, où elle avait obtenu une double chaire d'Art et de littérature dramatique, ferma en 1991 pour d'obscures raisons (sous Michel Noir…), elle continua les formations dans son cours privé. À chaque fin de saison, en Juin généralement, on pouvait aller apprécier les "auditions" de ses élèves, qui passèrent des Célestins à la salle Garcin. Des auditions presque aussi passionnantes que ses spectacles "au Poche", parce que Janine savait choisir des textes profondément vivants et signifiants, politiques parfois, et souvent très féministes. Parmi les nombreux acteurs/actrices passé(e)s par son cours, Janine gardait une tendresse particulière pour Christine Pascal… Bertrand Tavernier l'avait découverte pour son 1er rôle (muet) parce que la boutique de son Horloger de Saint-Paul était très proche du cours de Janine…! 
Janine qui avait fait un peu de cinéma à ses débuts, son apparition la plus connue, c'était dans Le Diable par la Queue (de De Broca en 1968, avec Montand, Rochefort, Madeleine Renaud, Marthe Keller, etc), une fantaisie un peu loufoque que la télévision rediffuse assez régulièrement… Elle avait connu "tout le monde" dans le milieu du théâtre (voir ci-dessous cette page composite qui figurait, qui figure toujours d'ailleurs, sur son site) et on se souvient qu'elle se flattait par exemple à une époque d'avoir chaque semaine Obaldia au téléphone, et Guy Foissy seulement tous les 15 jours…! Mais depuis, ces deux-la avaient définitivement raccroché la ligne, en Janvier 2022 et en 2021 respectivement… 
Elle avait aussi été très affectée encore plus récemment quand elle avait appris la disparition d'Odyle Collin [BlogGsL] des Deux Masques (le groupe théâtre de Brindas), une amie qui lui était chère. La troupe brindasienne avait démarré en 1991 avec la présence bienveillante de Janine, Henri Tachez ayant fait appel à son expertise pour les premières mises en scène. Et en 2010, c'est avec plaisir qu'elle était revenue se mêler à eux qui fêtaient alors leurs 20 ans, comme en témoigne notamment la joyeuse photo ci-dessus avec son ami Jean-Guy Mourguet [blogGsL], qui avait également été invité. 
Dans les années 90, elle avait même recruté deux des comédiens brindasiens, les Durand père et fils (Gérard et Lénaïk) pour aller jouer au Poche, du Jean Tardieu d'abord me semble-t-il. Jouer au Poche devait être une expérience bien particulière, avec le public qui était presque sur scène, mais Janine aimait et jouait de cette proximité. Elle montait au moins quatre spectacles par saison et se mettait en scène dans certains. 
Tous ces auteurs, ses auteurs !, qu'elle possédait admirablement, c'était un matériau dont elle ne se lassait pas de jouer à sa guise… Bref, c'est une personnalité solaire et hors-du-commun, animée d'une volonté farouche et d'une curiosité insatiable, qui nous quitte… Janine Berdin aura consacré sa vie au théâtre et lui aura énormément donné. 
SD 

Cérémonie le Samedi 11 Mars à 10h en l'église Saint-Paul (Place Gerson, Lyon 5e) [annonceFigaro]

Quelques liens :
Un article (avec podcast) sur "les 51 ans" du Poche dans Lyon Demain (radio) 


L'article du Progrès de ce 5-3-2023…

Et celui "des 51 ans" (en Novembre 2022) 


Janine, toujours très joyeuse, avec Julie et Henri Tachez (en Décembre 2010 pour les 20 ans des Deux Masques, comme la photo du haut) 

Une carte de visite, d'une autre époque…







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